Marie-Anne DANIAUD

Combien de formations liées aux métiers de l'industrie sont proposées actuellement par le Greta ?

Alors cette année, on propose une dizaine de parcours différents. Mais notre offre change chaque année, car on s’adapte aux besoins des entreprises et aux demandes du marché. Je tiens à préciser que le Greta est une structure qui fonctionne sur fonds propres, c'est-à-dire qu'on ne reçoit pas de subventions.

Et quel est le profil des personnes formées au Greta ?

Alors, on touche un peu tout le monde : demandeurs & demandeuses d'emploi, jeunes, salarié(e)s. Nos stagiaires ont généralement de 16 à plus de 50 ans. Mais on travaille surtout avec des demandeurs & demandeuses d'emploi qui sont en reconversion professionnelle.

Quelles initiatives sont mises en place au Greta pour attirer davantage de femmes dans les formations liées aux métiers de l'industrie ?

Déjà, à chaque fois que nous avons des stagiaires femmes, on conserve leurs coordonnées pour essayer de les recontacter. Elles sont souvent un peu timides, malheureusement, mais l'idée est de valoriser leur réussite auprès de futures stagiaires. Ensuite, toutes nos fiches de formation sont rédigées en écriture inclusive. Et autant que possible, sur nos supports de communication, j’essaie de faire en sorte qu’il y ait des femmes représentées. Puis quand on fait la promotion de nos parcours de formation, on est en contact avec des prescripteurs comme les conseillers & conseillères de France Travail ou celles & ceux de la Mission Locale.

À chaque fois, on insiste bien auprès de ces interlocuteurs & interlocutrices sur le fait que ces métiers ne doivent pas être réservés aux hommes. On met en avant les compétences spécifiques que les femmes peuvent apporter selon les métiers, et surtout on souligne que de plus en plus d’employeurs & employeuses sont sensibles à la mixité au sein de leurs équipes. Donc, on essaie de transmettre cette information pour montrer aux femmes qu'elles ne doivent surtout pas s'autocensurer face à ces opportunités d'emploi.

Et en général, ça fonctionne plutôt bien ?

À mon goût, encore trop peu. Par exemple, hier, ce fut une grosse déception. On était sur un recrutement pour de futur(e)s mécaniciens ou mécaniciennes automobiles. On avait lancé le même parcours l'année dernière et réussi à avoir 2 femmes parmi les 12 stagiaires. Mais cette année, malgré un gros investissement de France Travail et de la Mission Locale, il n'y avait malheureusement aucune femme sur les 29 candidats. Donc on reste encore assez déçu(e)s par la faible participation féminine. Cela dit, il y a tout de même une petite évolution ces dix dernière années. Aujourd'hui, environ 10 % de nos candidat(e)s sont des femmes, ce qui est une amélioration, mais c’est encore insuffisant.

Selon vous, quelles pourraient être les prochaines étapes pour renforcer cette diversité dans l'industrie, afin d'atteindre un équilibre un peu plus juste dans les pourcentages ?

Une partie des freins vient du fait que ces métiers sont souvent connotés et, même pour les hommes, peu connus et peu valorisés. Travailler à la valorisation des métiers de l'industrie et des opportunités d'évolution peut aider, tant les femmes que les hommes. Cela me semble essentiel. C’est un problème sociétal qui ne concerne pas uniquement les femmes. Valoriser les métiers de l'industrie, leurs opportunités et le cadre de travail est crucial. Il est important de montrer à quel point il existe de belles opportunités et que l'on se trompe souvent sur la valeur des métiers. Un soudeur, par exemple, est aussi une personne avec une tête bien faite. Plus on a de bonnes compétences, plus on peut réaliser un excellent travail et évoluer de manière impressionnante.

Et avez-vous observé des réussites marquantes ? Des parcours de femmes formées au Greta qui vous ont particulièrement impressionnée ?

Oh oui, j'ai plusieurs exemples en tête ! Récemment, j'ai accompagné une femme d'une quarantaine d'années qui avait travaillé pendant plus de 20 ans dans le secteur du soin. Elle a fait une sorte de burn-out et ne se reconnaissait plus dans les valeurs qu’elle voulait porter. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle, comme beaucoup d'autres, avait dès son jeune âge exprimé le désir de travailler dans un domaine comme la métallerie, mais avait été freinée par son entourage. C’est quelque chose que j’entends souvent. Et puis, des années plus tard, elle a finalement sauté le pas. À ce moment-là, elle a rejoint le lycée Gustave Eiffel à Tours où elle a préparé un CAP de métallier-serrurier. Elle a ensuite fait son stage en entreprise dans une société spécialisée en métallerie qui fabrique des meubles industriels, combinant bois et métal. Elle s’est vraiment épanouie dans ce domaine, elle s'est révélée avec beaucoup de talent. Et, il faut le dire, les femmes que l’on forme finissent souvent major de promotion. Elles sont très motivées, ce n’est jamais un choix fait à la légère. Elles apportent souvent des qualités comme la précision, la rigueur, des atouts qui me plaisent beaucoup.