Depuis 2020, Guylaine Poulin-Vittrant est directrice de recherche au CNRS, avec 19 ans d’expérience au sein de cette institution, où elle a également occupé la fonction de chargée de recherche. Elle met en avant les multiples opportunités qu’offre la recherche scientifique et souligne que chacun et chacune, quel que soit leur parcours, peut contribuer aux avancées scientifiques et technologiques.
Après un baccalauréat scientifique obtenu en 1995, j'ai intégré une classe préparatoire, en filière maths sup et maths spé. En 1997, j’ai réussi les concours et été admise à l’ENS de Cachan en génie électrique, où j'ai obtenu l’agrégation dans cette spécialité en 2000.
L’année suivante, j'ai entamé un master (à l’époque un DEA), et j’ai découvert la recherche durant mon stage. Cette expérience m’a fortement motivée à poursuivre dans cette voie. J’ai alors choisi de faire une thèse, que j’ai réalisée entre 2001 et 2004.
À l'issue de la thèse, j'étais déterminée à continuer dans la recherche. J'ai occupé un poste d'ATER à l'Université de Grenoble pendant un an, puis j'ai réussi le concours d’entrée au CNRS et obtenu un poste de Chargée de Recherche en section 8, dans le domaine des micro- et nanotechnologies, de la photonique et de l'électronique. Le CNRS me permettait de consacrer davantage de temps à la recherche, tout en pouvant enseigner ponctuellement en tant que vacataire. C’est ainsi que mon parcours s'est orienté vers la recherche au CNRS.
Ce qui me passionne, c’est la possibilité d’apprendre en continu. La recherche nous pousse à remettre constamment notre travail en perspective et à le confronter à celui d’autres chercheurs, en France comme à l’international. Cela permet de rester à jour et de trouver de nouvelles idées.
J’apprécie aussi l’autonomie qu’offre ce métier : il faut gérer des projets, chercher des financements, recruter de jeunes chercheurs, acquérir du matériel et monter des expériences. C'est un travail très varié où chaque année est différente, sans aucune routine.
Le nombre de personnes impliquées varie selon les périodes. Parfois, il s'agit d'une petite équipe de 6 à 8 personnes, mais il arrive aussi que l'équipe soit plus restreinte. Nous travaillons rarement seuls : même avec notre propre équipe, nous collaborons régulièrement avec des collègues sur leurs projets pour bénéficier de compétences complémentaires. De plus, nous ne travaillons pas sur un seul projet à la fois, mais souvent sur deux ou trois en parallèle.
Oui, tout à fait. En France, la collaboration est vraiment encouragée, aussi bien par les directeurs de laboratoire que par le CNRS et les autres institutions, comme les universités et les écoles d’ingénieurs. Même si les compétences individuelles sont importantes, la coopération est particulièrement valorisée. Dans notre domaine, il y a une grande part d’expérimentation et de réalisation de démonstrateurs pour prouver la validité des projets en pratique. Cela nécessite une présence sur place et des échanges réguliers avec les collègues.
Pour être honnête, je suis dans un milieu masculin depuis longtemps. Dès mes études, le génie électrique attirait majoritairement des hommes. Finalement, être en minorité a été plutôt une opportunité pour moi. En tant que chercheuse, je n’ai jamais rencontré de difficultés particulières liées à ma position de femme.
Je leur dirais avant tout de ne pas s’autocensurer. Les jeunes filles manquent parfois de confiance en elles, souvent influencées par leur entourage, que ce soit la famille ou les camarades, ce qui peut freiner leur parcours. Pourtant, elles ont autant de capacités que les hommes pour accéder à des postes à responsabilité et mener des carrières ambitieuses. Quant à la crainte d’évoluer dans un milieu masculin, je pense que dans le monde universitaire et au CNRS, elle n'a pas lieu d'être. Personnellement, je n’ai jamais fait face à des remarques sexistes ou dévalorisantes. Si la science les passionne, il ne faut pas hésiter à se lancer, c’est un domaine où l’on peut vraiment s’épanouir.
Cela dépend beaucoup des disciplines. Le CNRS met en place de nombreuses initiatives pour encourager les femmes à prendre des responsabilités et à progresser dans leur carrière. Il y a une réelle volonté d'atteindre l'égalité, même si elle n’est pas encore totale. Mais tous les outils et tout le système sont bien présents pour favoriser ce mouvement. Le message à retenir, c’est que les femmes ne doivent pas hésiter à s’engager dans cette voie.
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est un organisme français majeur dédié à la recherche fondamentale et appliquée dans divers domaines scientifiques. Il couvre des disciplines variées, allant de la physique aux sciences humaines. Engagé pour l'interdisciplinarité et l'innovation, le CNRS favorise la diversité et l'inclusion, attirant des talents de tous horizons pour relever les défis scientifiques d'aujourd'hui..
Interview : Mathilde Péan | Site & mise en page : Aurélie Beaudet
Crédit photo : Christophe Le Toquin
Le 04 novembre 2024 à 16h53
Nous utilisons des cookies pour améliorer votre expérience et nous aider à comprendre comment vous utilisez notre site. Veuillez consulter notre avis sur les cookies et notre déclaration de confidentialité pour plus d'informations sur les cookies et les autres systèmes de suivi par des tiers qui peuvent être activés.